Logo du jeu Echoes of Wisdom

Test et revue de presse de Echoes of Wisdom

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Revue de presse

Source Note
Le Monde 93/100
IGN 7/10
Jeuxvideo.com 17/20
Gamespot 9/10
Destructoid 6,5/10
Gamekult 7/10

Avis de la communauté

Communauté

Parmi les membres de Puissance-Zelda, 4 possèdent ce jeu. Ils l'ont noté en moyenne 3,75/5.

Avec Breath of the Wild en 2017, Nintendo offrait à sa Switch un titre de lancement époustouflant. Le coup d’essai en monde ouvert s’est avéré être un coup de maître faisant voler en éclats une part importante des conventions de la série. En 2024, Echoes of Wisdom offre à la série un dernier tour de piste sur cette même console, tout en renouvelant la promesse de nous faire vivre une aventure à nulle autre pareille.

Critique rédigée par Zemo

Ah bon ? Zelda c’est la princesse ?

Après plus de trente ans à endosser le rôle de la demoiselle en détresse, c’est enfin au tour de la princesse Zelda de faire revenir l’ordre dans son royaume et, chemin faisant, de sauver Link qui s’est mis dans de beaux draps lorsque des failles sont apparues un peu partout en Hyrule.

L’aventure de Zelda débute dans une cellule où elle fait la rencontre de Tri. Cette créature aux allures de luciole va l'accompagner dans son périple et lui fournir un sceptre permettant de créer des échos de la plupart des objets et des créatures peuplant ce monde. Comprenez par là une copie d’un objet préalablement rencontré. Si ces échos donnent leur nom au jeu, c’est parce qu’ils sont la principale idée mise en avant dans cet opus. Celle qui est matraquée à chaque étape, celle dont on ne pourra presque jamais se passer, celle qui vient remplacer l’arsenal habituel de Link, celle qui permet à la princesse Zelda de se défendre, d’atteindre des plateformes inaccessibles, de se soigner ou de se cacher.

En début de jeu, on ressent une grande euphorie en obtenant des échos à tout va et en se constituant une trousse à outils répondant à de très nombreuses situations. Que les fans d’Hryule Warriors se calment immédiatement : il est impossible de lever une armée entière. Le nombre d’échos que vous pouvez créer est à la fois contraint par les capacités de Tri et par le "coût" de chaque créature. Et vous imaginez bien qu’il est plus coûteux de faire apparaître un solide chevalier en armure qu’une frêle table en bois.

Ces reproductions que l’on fait apparaître et disparaître à l’envie offrent un vent de fraîcheur bienvenu dans la première moitié du jeu. Ils incarnent une façon maline et différente de se sortir de situations que l’on a rencontrées 1000 fois par le passé dans la série. Aussi, en faisant combattre à nos côtés des ennemis parfois très emblématiques de la série, on prend un plaisir assez régressif à chercher quel sera l’écho le plus efficace pour venir à bout de nos adversaires. À votre avis, qui est le plus fort entre un Wolfos et un Lézalfos ?

Cette chasse aux échos se poursuit dans la seconde moitié du jeu, mais elle peine hélas à se renouveler. Petit à petit les échos s’accumulent par dizaines dans une interface de plus en plus lourde à manipuler. En plus des quelques filtres pas toujours très utiles, on se surprend à rêver d’une roue de raccourcis à la Animal Crossing: New Horizon. D’ailleurs, il suffit de confronter quelques avis de joueurs et de joueuses pour réaliser que beaucoup finissent par n’utiliser qu’une sélection réduite d’échos, sans prendre la peine de faire apparaître au moins une fois la plupart des échos nouvellement obtenus.

Et c’est une bonne situation ça, princesse ?

Pour étoffer un peu le champ des possibles, plusieurs idées plus discrètes que les échos viennent se greffer au jeu. En premier lieu, on pense à la possibilité de synchroniser les mouvements de certains objets avec les vôtres, ou au contraire de faire en sorte que Zelda suive les mouvements d’objets/d’ennemis. On pense aussi aux smoothies, que l’on peut concocter à proximité de chaque ville à l’aide d’ingrédients ramassés en chemin. Mais aussi aux pièces d’équipement qui permettent de donner un petit avantage supplémentaire à Zelda. Ou aux automates à l’utilisation bien plus ponctuelle que vos échos, mais aux puissants effets. Tout cela ajoute un peu de piment à l’aventure, mais aucune idée ne parvient jamais à réellement se détacher du lot. Sur le papier, la synchronisation et la synchronisation inversée semblent être des idées incroyables. Dans les faits, faire appel à cette mécanique s’avère régulièrement laborieux, si bien qu’on l’utilise plutôt en dernier recours pour résoudre une énigme, lorsque les échos s'avèrent inutiles ou inefficaces.

Si l’aventure réserve tout de même quelques belles trouvailles dans l’utilisation des nouveaux pouvoirs de Zelda, force est de constater qu’on se sent rarement brillant en jouant à Echoes of Wisdom. Là où Breath of the Wild et Tears of the Kingdom avaient un terrain de jeu dantesque pour proposer une grande variété de challenges tirant parti des puissants outils offerts, ici l’aventure est bien plus condensée. On ne s'émerveille pas souvent d’avoir résolu un nouveau problème d’une façon totalement nouvelle ou improbable. Beaucoup d’échos semblent redondant entre eux et les challenges proposés manquent sans doute de variété pour nous inciter à utiliser une grande variété d’échos. Constituer un escalier de fortune avec trois lits est amusant une fois. Pas trente.

Heureusement, le jeu compense ces quelques aspects en demi-teinte par une aventure menée tambour battant qui vous divertira pendant quelques dizaines d’heure. Si Echoes of Wisdom n’offre pas une progression aussi ouverte qu’un Breath of the Wild ou un Tears of the Kingdom, la formule proposée fait beaucoup penser à A Link Between Worlds. On y retrouve la même ouverture progressive sur le monde, laissant régulièrement le choix entre plusieurs destinations. Tout comme dans A Link Between Worlds, la narration n’est jamais poignante, le scénario n’est jamais très surprenant, mais on n’a jamais l’impression de perdre notre temps ou de tourner en rond. Les distances à parcourir ne sont jamais très longues : la carte est ponctuée de points de téléportations, des chevaux permettent de voyager plus vite et bon nombre d’obstacles naturels habituellement infranchissables se contournent très rapidement à l’aide de vos échos. Quel plaisir de traverser Hyrule avec si peu de contraintes !

Mais c’est qui alors le bonhomme en vert ?

Cette fois, il n’y aura ni profondeurs ni royaume de Lorule à visiter, mais plutôt de petits biomes à l’ambiance ténébreuse : les failles. Leur aspect complètement déstructuré en font de très bon environnement pour présenter de nouveaux concepts avant de vous guider vers les donjons où vous devrez réutiliser ce que le jeu vous a enseigné. D’ailleurs l’exploration se fera presque toujours en suivant le même cycle : trouver des habitants en difficultés suite à l’apparition des failles. Leur venir en aide en plongeant dans une faille. Y retrouver les camarades de Tri pour refermer la faille et soulager les habitants qui vous dirigeront vers une faille plus grande. Y découvrir le donjon de la zone où se terre un boss. Une fois vaincu, la paix revient dans la région. Une progression très classique pour un jeu Zelda qui conviendra peut-être plus à celles et ceux qui ne trouvaient pas leur bonheur dans les derniers volets de la série.

Depuis l’annonce du jeu, on pense d’ailleurs à toutes les personnes qui espéraient que la princesse Zelda soit l’un des personnages jouables de Tears of the Kingdom. On peut même arguer que c’est un choix plus audacieux de faire de Zelda l’unique héroïne de sa propre aventure, même si elle est à plus petite échelle. Pour autant, Link semble omniprésent dans Echoes of Wisdom. Bien plus que Zelda dans la plupart des jeux précédents. Bien plus que son père, le roi d’Hyrule himself. Dans Echoes of Wisdom, on court après Link, on affronte Link, on nous parle de Link, on doit sauver Link et on l’incarne même directement en début de jeu. Pire : très tôt Zelda obtiendra la capacité de se transformer un petit instant en une copie carbone de Link. Une transformation qui deviendra évidemment de plus en plus puissante et donc de plus en plus nécessaire pour venir à bout des ennemis les plus coriaces. Ce qui aurait pu être une option d’accessibilité est un passage obligatoire. Certains y verront un lieu commun impossible à éviter, d’autres un terrible aveu d’échec : malgré toute sa sagesse, malgré les dizaines d’échos qui se battent à ses côtés, malgré ses alliés : Zelda doit ressembler à Link pour surmonter certaines épreuves.

Ce constat est d’autant plus surprenant qu’on retrouve pour la première fois une co-réalisatrice à la tête du jeu en la personne de Tomomi Sano. On sent vraiment qu’elle et Satoshi Terada ont eu à cœur de réaliser un jeu résolument moderne, qui impose ses propres idées tout en conservant l’âme d’un jeu Zelda. Cela nous fait forcément penser à The Minish Cap, qui avait été développé par Capcom et réalisé par Hidemaro Fujibayashi que l’on connaît désormais surtout pour Breath of the Wild et Tears of the Kingdom. Cette fois, c’est au studio Grezzo de se retrousser les manches puisqu’on les connaissait plutôt pour leurs portages et remake. Ils étaient notamment derrière la version Switch de Link’s Awakening, celle qui avait fait couler beaucoup d’encre à cause de ses performances techniques étonnamment faiblardes pour un jeu de la série. On rappelle que les chutes de framerate y étaient nombreuses et parfois suffisamment prononcées pour provoquer des nausées aux plus sensibles. La situation s’est améliorée avec Echoes of Wisdom, même si la fluidité du jeu vacille ponctuellement. Sept années après le tour de force qu’a été Breath of the Wild, il reste étonnant de voir ce jeu aux allures si modestes être régulièrement en difficulté.

Enfin, mentionnons tout de même deux aspects que l’on passe trop souvent sous silence lorsqu’ils sont réussis : la musique et la localisation. Du côté des thèmes musicaux, ils sont variés et savent faire la part belle à de nombreux instruments. C’est un plaisir de voir les nouveaux thèmes faire place nette à d’anciens thèmes revisités. Cette bande son est un peu à l’image du jeu, elle parvient à régulièrement recycler des éléments du passé, mais sans jamais tomber dans le fan service. Quant à la traduction française, elle est – comme toujours – impeccable.

En résumé

La série Zelda a toujours été comparable à un théâtre de marionnettes. D’un spectacle à l’autre, les personnages principaux reviennent souvent, les personnages secondaires plus ponctuellement, et leurs rôles varient toujours pour nous proposer des aventures à la fois familières et singulières. Echoes of Wisdom s’inscrit dans cette grande lignée. Zelda, Link et Ganon sont là pour une nouvelle aventure, où chacun tiendra des rôles plus ou moins inédits. Malgré ses différences notables avec les autres jeux de la série, on peut voir Echoes of Wisdom comme une synthèse de l’histoire récente de la série Zelda. On y retrouve une formule similaire à A Link Between Worlds, la direction artistique de Link’s Awakening, l’accès progressif vers les donjons introduit dans Skyward Sword et des mécaniques inédites qui n’ont rien à envier à Tears of the Kingdom. Echoes of Wisdom est bel et bien un jeu Zelda à part entière. Manette en main, cela ne fait jamais aucun doute. Tout au long de l’aventure, on prend beaucoup de plaisir à parcourir cette nouvelle incarnation des terres d’Hyrule. La progression est fluide, l’univers sonore et visuel sont un régal et le jeu est ponctué de jolies scènes et de personnages attendrissants. Dommage que Echoes of Wisdom peine à trouver des challenges à la hauteur des outils qu’il offre. Dommage que Echoes of Wisdom peine à faire vivre à notre princesse préférée une grande aventure s’affranchissant réellement de Link.