Mémoires de (presque) vingt ans de Zelda dépendance

À propos de ce dossier

Récit d'un fan de la première heure sur l'évolution de la série Zelda.


Puis vînt le " grand vide Zeldesque ".

Durant 5 ans, plus de Zelda.

J'avais abandonné le jeu vidéo, tout revendu, oublié toutes ces aventures. Durant ces 5 ans, le temps s'est écoulé lentement, à d'autres loisirs. J'étais passé de 11 ans à 16 ans, de l'école primaire au lycée. Je ne sais plus si Peter Pan savait encore voler.

Je ne savais pas qu'un Zelda était à nouveau en préparation. Je n'étais pas au courant.

Je n'attendais pas Ocarina Of Time.

Mémoires de 20 ans de Zelda-dépendance

J'ai vu la pub à la télé. Alors que tous les autres l'attendaient impatiemment depuis 2 ans, tout m'a explosé à la gueule d'un seul coup. Les graphismes, la musique, l'ambiance… et surtout la 3D, comme ça, au détour d'un spaghetti à table avant le film du soir. Le premier Zelda en 3D, et quelle 3D ! Quelle immersion ! Après tout ce temps, Link était de retour, ressortant l'épée de la pierre. Et elle n'avait pas rouillé. Forte au contraire de tous ces souvenirs résurgents.

Je trouvai un petit boulot (je ponçais les barreaux en fer des balcons de la maison pour ensuite les repeindre. L'odeur de la rouille me rappelle encore quelque fois ce jeu) et m'achetai le jeu avant même d'avoir la console !

Quelle aventure ! Bien sûr, il y avait la 3D, si magnifique. Cette 3D a amené énormément de choses. A l'époque, j'avais placé ma petite télé au centre d'un des murs de ma chambre, et elle était reliée à ma chaîne hi-fi " Aiwa ", les enceintes droite et gauche soigneusement disposés pour profiter à fond du son des films et des concerts. Avec la 3D, le son devient lui aussi plus immersif qu'auparavant ! J'aimais beaucoup placer Link en face de la chute d'eau du village Kokiri, mettre la vue subjective et lui faire tourner la tête… J'entendais alors le bruit de la chute passer de droite à gauche avec un certain réalisme rêveur. Il y avait aussi l'ambiance du jeu… Cet écran titre, sobre, avec son imposante musique douce, plus impressionnante alors que les écrans titres clinquants des deux précédents volets. Il ne faut pas omettre non plus ce qui était une nouveauté et participa largement aussi à l'immersion : la manette vibrante ! Quelle sensation sympathique de sentir le poisson se débattre à la pêche (waw, mieux que la Game Boy !), la légère vibration de la corde de l'arc… jusqu'au séisme de l'explosion de mon premier choux-péteur. N'omettons pas la pierre de souffrance, qui vibre à l'approche d'un passage secret…

Mémoires de 20 ans de Zelda-dépendance

J'ai alors entrepris une longue quête pour retrouver tout les anciens Zelda... et je n'avais pas Internet. Inutile de dire que c'était pas de la tarte ! Une vieille NES racheté à un ancien prof, Zelda II à un magasin Dock Games pour 19Frs (ce n'était pas encore la mode du revival des anciens jeux), une annonce dans le bahut me fit prendre contact avec le dirigeant des cours pour adultes qui me revendit Zelda I pour 60 Frs (sans boîte ni notice, c'était cher, saligaud qu'il était. Arnaquer un gosse !). Puis je ne rachetai que la boîte chez un magasin qui voulait bien, un pote me fit cadeau de la notice qu'il avait trouvé dans ses cartons, je trouvai Zelda III neuf en Player's Choice chez Casino (on trouvait encore des jeux Super Nintendo en grande surface) et rejouai avec délice à Zelda GB (version DX), étant d'ailleurs à l'hôpital à ce moment là, j'avais bien besoin de me " re-évader ". J'ai même acheté en occasion l'imprimante, pour faire des tirages photos " réel " du photographe. Je trouvais l'idée tellement séduisante ! Faire un album-photo souvenir de ce Zelda que j'aimais tant, celui qui me rendait (et me rend encore) si nostalgique, et pouvoir le sortir !...

Mémoires de 20 ans de Zelda-dépendance

Mémoires de 20 ans de Zelda-dépendance

J'en profite d'ailleurs pour faire partager une anecdote aux plus jeunes d'entre nous qui n'auraient pas joué à ce Zelda version originale, et qui vous fera comprendre pourquoi je préfère malgré tout, et outre la nostalgie, la version noir et blanche. Avez-vous remarqué le comportement étrange qu'a la Sirène de la baie de Martha lorsqu'on met la tête sous l'eau tout près d'elle ? Elle plonge en lâchant une phrase, et s'éloigne pour réapparaître plus loin… Sans doute n'y avez-vous pas prêté plus d'attention, ayant pris cela pour une animation anodine (anondine, ho ho). Ce n'est cependant pas le cas, et voici la véritable histoire de la Sirène de la baie de Martha : dans la version originale, la Sirène ne perd pas un collier… mais son bikini ! Son haut de maillot pour être plus précis (évidemment). Ce qui explique la réaction de la charmante demoiselle aquatique lorsque notre polisson de héro met la tête sous l'eau à proximité d'elle… Je vous garanti que ce n'est pas " J'ai déjà cherché ici ! " qu'elle lance alors à l'adresse de l'audacieux mais si compréhensible Link…

(Dans le même ordre d'esprit, le modèle du peintre-alligator, " l'hippopodame " comme dirait Gainsbourg, s'assoit étrangement quand Link débarque dans la pièce et lui dit " Va t-en ! ". C'est qu'a l'origine, elle disposait d'un drap, qu'elle refermait pudiquement sur elle quand Link rentrait. Je trouvais la chose comique vu que, par opposition, tout le monde dans le village des animaux serait alors considéré comme étant à poils (c'est le cas de le dire) ! Un peu comme quand Pif et Hercule vont se baigner : ils mettent un maillot de bain alors qu'ils sont à poils tout le reste du temps. Mais tout le monde n'a pas dû rire de la chose ! A mon avis plutôt vers le Nouveau Monde puisque la version originale anglaise de ce Zelda était déjà censurée.)

Bref, quand j'ai eu Internet, j'ai compris qu'avec cet outil je n'aurais pas galéré autant dans mes recherches !

Il m'a au moins permis de retrouver Zelda II complet en boîte… Puis j'ai suivi les sorties : Majora's Mask, les Oracles, Wind Waker… J'ai même pu acheter la fameuse montre-jeu Game&Watch sur Ebay… Elle c'est révélée très utile durant les cours de lycée fastidieux.

Mémoires de 20 ans de Zelda-dépendance

Je me souviens que grâce à Internet, j'avais pris connaissance de l'existence de Zelda BS, plein d'histoires contradictoires couraient encore sur son statut. Ca a fait que je n'ai pas tout de suite cru à l'annonce de Majora's Mask. Comment ! Un Zelda si peu de temps après l'autre ?! Mais taisez-vous donc ! Je m'imaginais de plus que Nintendo ne sortait (grande classe oblige) qu'un seul Zelda par console depuis la Super Nintendo. Et ce qui courait sur ce jeu semblait tellement farfelu ! Link se métamorphose, il n'y a même pas Zelda, c'est pas à Hyrule… Tss tsss… Franchement n'importe quoi les mecs. Ce que vous pouvez être naïfs ! 'gobez n'importe quoi. Certains prétendaient que c'était une conversion de Zelda III en 3D.

Majora's Mask reste l'un de mes Zelda favoris. J'ai toujours préféré le monde " du dessus " aux donjons, que j'appréhende souvent (ils sont en effet l'opposé du monde du dessus. Un donjon ne tolère aucune liberté, il est au contraire une suite d'épreuves imposées). Avec ce titre, où chaque personnage secondaire n'a jamais été aussi travaillés, avec leurs propres histoires, leur propre vie, et seulement quatre petits donjons. J'étais heureux, pensez donc m'sieurs dames. C'est, à ma connaissance, le seul jeu qui possède son espace propre, sa géographie (comme tous les jeux) mais aussi son propre temps. Les magasins ouvraient à telle heure. Et ces habitants de Bourg-Clocher, qui répétaient inlassablement les mêmes gestes à travers le temps, rappelant les meilleurs moments de Retour Vers Le Futur. La ballade d'Anju le second jour, jour de pluie. Assise sur son banc publique. Mais sans, hélas, son amoureux pour s'bécoter. Dans la plupart des autres jeux, un personnage secondaire, ça veut dire un pixel qui reste tout le temps à sa place, disant tout le temps la même chose quand on va lui parler. Là, ces pixels sont affairés, ils ont une comme une vie à mener en dehors d'être à la disposition permanente 24/24H du joueur. Et c'est nous qui sommes là pour eux.

Evidemment, on peut trouver ça étrange : un fan de Zelda dont les deux épisodes favoris sont ceux où il n'y a pas Zelda… Ni même Hyrule (à l'époque les Oracles n'existaient pas), même pas de Triforce !

J'ai longtemps été perplexe quant à la fin de ce jeu, et reste encore un peu persuadé qu'il y en a une autre où Link retrouve Navi, à cause de l'intro où on nous dit que Link part retrouver son ami cher et où on entend le bruit de la fée… M'enfin…

Mémoires de 20 ans de Zelda-dépendance

Qu'il soit dit, pour la forme, qu'ayant acquis un CD-I (racheté à mon Auto-école qui passait au DVD) et Zelda : The wand of Gamelon -et l'ayant fini- je puis témoigner de la médiocrité du jeu. Je n'ai d'ailleurs pas cherché les deux autres après ça.

Après cette époque d'apogée Zeldesque commence la descente.

Dossier réalisé par Boz, le 15 octobre 2006