Mémoires de (presque) vingt ans de Zelda dépendance
Récit d'un fan de la première heure sur l'évolution de la série Zelda.
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Le dessin animé Princesse Zelda Breath of the Wild : l’essence de la liberté L'univers préapocalyptique de The Legend of Zelda: Majora's Mask Tous les dossiersEn effet, je suis devenu un grand adepte des légendes et folklores des Filles Des Eaux (spécialement les Sirènes, mais aussi les Nymphes des eaux douces. Suprême illustration de la supériorité du folklore réel sur le jeu vidéo : je vous garantie que les Sirènes ont en réalité rarement des bikinis), et je lis beaucoup d'ouvrage, je recherche des livres étranger ou anciens, épuisés et jamais réédité mais contenant une somme fabuleuse de savoir sur la réelle féérie de ce que l'on a nommé le paganisme ancien, la mythologie ou prétentieusement les croyances superstitieuses (croire aux fées, alors que la croyance en elles existaient sous différents noms sur tout les continents du monde est considéré comme ridicule mais croire qu'un type a fendu la mer en deux ou qu'un autre a marché dessus est très respectable, on n'y touche pas. Là réside l'étrange de notre monde). Si un dossier sur les parallèles entre Zelda et la féérie pourrait se révéler pertinent, ce n'est cependant pas l'objet de ce récit. Signalons juste à la dérobée qu'Epona était le nom d'une déesse Celte en rapport avec les équidés. J'en suis cependant arrivé à une connaissance assez grande sur les légendes de la mer et des eaux, et ne peux regarder WW qu'avec une certaine désolation. Un goût d'inachevé. Cette mer, si vide (d'ailleurs, qu'elles soient topless ou avec bikini et collier, pas de Sirènes dans WW…).
Une promesse d'une si grande poésie à l'écoute du concept d'un monde submergé d'où ne resterait que quelques îles éparses et d'un univers mythique salin… si peu tenue ! Seule la légende de la ville engloutie, superbement représentée dans nos contrées par Ys, la ville engloutie (que ses habitants habitent toujours, attendant sous les flots la venue d'un sauveur. On dit qu'on perçoit quelques fois le son du clocher) est utilisée avec beauté dans le jeu. Mais on aurait aimé voir plus d'Hyrule ! Que voit-on sinon un château peuplé de monstre ? Où sont les Hyliens ? Le Roi serait-il un Roi sans sujet ? Ganon veut-il faire revivre un Hyrule vide ? Tout le gigantesque thème d'un monde disparu redécouvert… tout juste effleuré !
Le mythe du Vaisseaux Fantôme est lui aussi décevant, malgré la fabuleuse promesse qu'il émettait. Naviguer sur les flots, puis voir apparaître la silhouette fantomatique d'un bâtiment en peine qui se dérobe à notre approche, insaisissable… Trouver une carte et découvrir que son emplacement varie en fonction des phases de la vive-argente Lune… pour finalement accoster le navire et ne voir qu'il n'est qu'un emplacement pour une des cartes. Sans aucune légende ! On est loin du Hollandais Volant, ou Voltigeur Hollandais, du mythe, errant sur l'écume, commandé par son Capitaine damné et son équipage de morts jusqu'au Jugement Dernier… ou même plus simplement de l'équipage cadavérique des Oracle et son Capitaine qu'on découvre ancien amant de la reine, érigeant la tour dans le seul but de le guetter… Et où sont les fées des houles, ces grottes marines? Aucunes, et dans un monde marin, les concepteurs semblent trouver pertinent de garder les fées des sources d'eau douces des anciens Zelda ! On ne peut alors pas dire qu'elles soient, du coup, dure à trouver sur leurs îles peu discrètes…
Tout est trop évident dans ce jeu. Si peu de mystère.
Ces mêmes îles sont ridiculement minuscules et placées de manières honteusement cartésienne : la carte est découpée en case, et à chaque case, une île. Comment croire à une telle géographie si peu fantaisiste et si froidement pratique ? Le mythe légendaire du cimetière des navires est également à peine effleuré, servant juste de labyrinthe sans histoires, encore une fois. La mer des Sargasses n'a pas d'inquiétude à de se faire. Où est la mélancolie de Marine de Zelda GB, ou du merveilleux flûtiste de Zelda III, avec son pauvre papa qui passe son temps au bar à penser à son fils disparu ? Le concept même de la navigation est détruit par cette baguette des vents. Ceux qui se sont déjà retrouvé sur une embarcation à voile, ne serait-ce qu'un optimist, savent combien est stratégique le réglage de la voilure pour tirer le meilleur parti possible du vent qui a décidé de se trouver là. Je ne parle pas non plus de l'absence d'un monde sous-marin à fleur d'eau (comme dans Oracle Of Age), pourtant bienvenu. Ce WW est donc bien peu propice à la légende, malgré son nom… J'attendais, idéaliste zélé, un add-on exploitant ce monde sous-marin… Un " Wave Waker ".
Ce jeu n'est néanmoins, à mes yeux, pas uniquement constitué de défauts. Il a aussi ses qualités, malheureusement celles-ci sont de nature à accentuer lesdites carences. Le point fort de ce jeu est son ambiance, en grande partie dû à sa musique aux accents celtique. Hélas, ceci ne peut que me rappeler la richesse de cette culture et le réservoir de merveilleux exceptionnel qu'elle aurait été pour les auteurs du jeu, s'ils s'y étaient penchés autant que leur compositeur. Mais n'importe qui connaissant un peu la culture nipponne sait que les esprits de la nature existent aussi chez eux, fabuleusement et justement représentés dans le film Princesse Mononoke. Hélas, Wind Waker s'inspire plus du film lui-même que de ce folklore commun. Ainsi les petits êtres sylvestres aux visages à l'expression figée et émettant des petits bruits semblables à des petits copeaux de bois qui s'entrechoquent de ce chef d'œuvre sont-ils grossièrement repris avec les Korugus.
Avec Wind Waker, Zelda est passé de série influente à série influencée.
Les séquences d'infiltrations, tirées tout droit de MGS, l'architecture de la tour des Dieux et ses statues, avec ses sortes de veines anguleuses luisantes, tirées tout droit d'Ico. Un jeu merveilleusement poétique où la jeune Yorda active, grâce à son pouvoir, des statues inertes qui se couvrent alors de ces fameuses veines géométriques, et dont l'aspect général et l'esprit ne laisse aucun doute quant à l'inspiration d'Aonuma et de sa clique. On retrouvera ce design dans TP, où l'on a aperçu ces créatures noir étranges qui sortent d'un vortex très " Ico ". Pourtant Aonuma avait fait preuve d'une grande originalité avec Majora's Mask. Mais malgré toute l'originalité qu'il tente d'insuffler à la série, force est d'avouer que les Zelda de M. Miyamoto ont quelque chose de plus… Ils sont certes plus classiques, moins originaux, mais ils contiennent ce souffle épique formidable qui court dans tout les Zelda jusqu'à Ocarina Of Time… Et à présent Twilight Princess, puisque réalisé par notre homme !
Bref, comme on le constate, je ne suis plus satisfait du jeu vidéo, que je juge désormais trop limité par rapport à la " réalité ", qui me fait autrement plus rêver, et qui est représentée par ces tableaux, ces musiques, ces livres et films que j'aime tant.
Je me rends compte que Peter Pan rêvait en fait d'être le Capitaine Crochet.
Et maintenant que c'est fait, le Capitaine a d'autres rêves… qui ont la forme de la fée Clochette. Quelle douce ironie, Peter ne se rendait décidemment pas compte de sa chance.
Dossier réalisé par Boz, le 15 octobre 2006