Évolution de la série sur les plans critiques et commerciaux

À propos de ce dossier

Un dossier richement fourni en graphiques, qui tentera de vous montrer comment la série a évolué au fil du temps, sur les plans commerciaux et critiques.


1)Chiffres de vente

Le trio de têtes est composé de The Legend of Zelda, Ocarina of Time et Twilight Princess. Ce dernier est d’ailleurs le Zelda le plus vendu, si on cumule les ventes de la version Wii et de la version Gamecube, ce qui a été fait pour réaliser le graphique ci-dessus. Mais si on tient compte des remakes, c’est alors Ocarina of Time qui trône largement en tête des ventes. Globalement, on constate que ce sont les épisodes de salon qui se vendent généralement le mieux, à l’exception notable de Phantom Hourglass, qui est quand même le quatrième opus le plus écoulé, devant son grand frère The Wind Waker ! On peut aussi remarquer que la série a subi un passage à vide en terme de ventes, entre Ocarina of Time et Twilight Princess, ce qui coïncide plus que probablement avec le déclin commercial des consoles Nintendo (les consoles Nintendo 64 et Gamecube sont les consoles de salon Nintendo qui ont eu le moins de succès), alors que Twilight Princess était le fer de lance de la Wii, qui a connu un tout autre destin. Enfin, un dernier constat, c’est que les remakes/portages ont généralement beaucoup moins de succès que leurs grand-frères, même s’ils ne se vendent pas mal pour autant (Link’s Awakening DX est devant les épisodes Oracles par exemple). Pas étonnant que Miyamoto songe à un nouveau remake sur 3DS .

Ce deuxième graphique a une physionomie bien différente, que ce soit au niveau du total des ventes (on ne dépasse même pas les deux millions) ou des jeux qui sont en tête. Pas de Twilight Princess ou Ocarina of Time, mais bel et bien … le premier opus, ainsi que le décrié Adventure of Link ! Les deux premiers épisodes ont connu un succès énorme, que la série ne parviendra jamais à retrouver sur ses terres d’origine, même si A Link To The Past et Ocarina of Time firent des scores plus qu’honorables. Se détachent ensuite The Wind Waker et Phantom Hourglass, alors que Link’s Awakening et Twilight Princess ne furent étonnamment pas des grands succès. Les Japonais préféreraient-ils la patte graphique de Wind Waker et son cell-shading à la direction artistique plus sombre de Twilight Princess ? En tout cas, une chose est sûre, c’est que les ventes de la série décroissent globalement au fil du temps au pays des samouraïs, on peut même dire que Skyward Sword eut autant de succès qu’un jeu lambda, ce qui est quand même un comble pour la deuxième série la plus prestigieuse de Nintendo.

C’est bien évidemment aux États-Unis que les chiffres de vente sont les plus élevés, et le graphique épouse donc plus ou moins la même forme que celui des ventes totales. La seule différence majeure est le score de Phantom Hourglass, proportionnellement bien plus faible que sur les autres territoires. On constate que globalement, ce sont surtout les jeux « de salon » qui se vendent bien, puisqu’à part Link’s Awakening, aucun épisode portable ne s’est vendu plus que l’épisode de salon le moins vendu, Majora’s Mask (puisque Skyward Sword risque encore de se vendre quelques mois). Et sachant que le score de vente moyen d’un jeu video aux États-Unis tourne autour d’un million d’exemplaires écoulés, on peut dire que la série se vend plus que correctement outre Atlantique, même si depuis Twilight Princess, aucun épisode n’a rencontré un énorme succès.

On dit souvent de l’Europe qu’elle est la cinquième (voire sixième) roue du carrosse, et si c’est peut-être vrai pour la localisation des jeux, mais en terme de ventes, c’est le deuxième marché mondial ! Avec des tendances extrêmement différentes de celles des autres territoires : le trio de tête se compose de Twilight Princess, Ocarina of Time et … Phantom Hourglass, avec Skyward Sword qui suit juste derrière malgré son jeune âge. Globalement, les premiers épisodes n’ont pas connu le même succès en Europe, et Ocarina of Time est d’ailleurs le premier Zelda à se vendre davantage en Europe qu’au Japon, alors que pour rappel l’Europe compte plus de 400 millions d’habitants, et le Japon 120 ! L’Europe est donc un marché à fort potentiel, et cela se confirme avec ces chiffres, puisque c’est la seule zone géographique pour laquelle on peut dire que la popularité de la série est grandissante. On peut aussi remarquer que, contrairement aux États-Unis, les épisodes « portables » sont davantage plébiscités, puisqu’ils ont souvent des scores assez semblables aux opus de salon (Link’s Awakening plus vendu que A Link To The Past, les Oracles légèrement moins vendus que Majora’s Mask, Phantom Hourglass qui se vend presque aussi bien que Twilight Princess). Contrairement à ce qu’on pourrait croire, la licence est donc loin d’être en disgrâce, du moins sur notre continent.

Un graphique un peu particulier, qui tente de montrer les dynamiques de vente des différents épisodes. Ne sont malheureusement disponibles que les chiffres des derniers opus, ce qui rend la comparaison un peu légère, mais il y a suffisamment de données pour que ce soit instructif. La première chose qui frappe, c’est que Phantom Hourglass dépasse légèrement TP après dix semaines de vente, mais que TP s’est bien plus écoulé sur la durée. C’est d’ailleurs un principe qui est apparu sur cette génération de console : le long seller, c’est-à-dire un jeu qui continue à se vendre énormément sur la durée, comme Mario Kart DS, Wii Fit ou encore Super Smash Bros Brawl, alors que la plupart des jeux dits « gamers » voient leurs ventes décliner après un an de mise sur le marché. Twilight Princess s’est donc très bien vendu sur la durée, ce qui est sûrement dû aux diverses rééditions de Nintendo, et à la baisse de prix (assez récente) lors de l’entrée du jeu dans la gamme « Nintendo Selects » (autrefois appelée Player’s Choice). On constate par contre que Spirit Tracks s’est par contre surtout vendu sur ses premières semaines de vente, ce qui est plus conventionnel. Ca peut s’expliquer par le relatif échec commercial du jeu, puisque de nombreux magasins liquidaient le jeu après seulement quelques semaines de commercialisation, ce qui est plutôt rare pour un Zelda. Pour terminer sur une bonne note, Skyward Sword est le Zelda le plus vendu en l’espace de dix semaines depuis … et bien au moins Twilight Princess ! Et si la fin de vie de la Wii est programmée pour bientôt, il y a de fortes chances qu’il continue encore à se vendre vu sa bonne dynamique dès le départ. On pourra toutefois arguer qu’il est normal qu’il se soit bien vendu vu le parc de consoles installées, là où Twilight Princess est sorti en même temps que la Wii. Mais ce sont des chiffres encourageants pour le futur de la saga.

Après cette vue d’ensemble, comment faut-il voir ces chiffres ? Ils ne font globalement que confirmer des tendances vidéoludiques connues depuis des années déjà, à savoir que le marché japonais est de plus en plus morose, que l’Europe est le nouveau marché porteur et que les jeux Nintendo tendent à se vendre sur la durée. Mais en creusant, on peut essayer de comprendre pourquoi cette évolution s’est faite. Les cinq premiers opus se sont particulièrement bien vendus, avant que la série ne tombe dans un creux, et il y a probablement deux raisons à cela. La première, c’est évidemment que la NES, comme la Super Nintendo, se sont bien mieux vendues que la Nintendo 64 ou la Gamecube, avec respectivement 61M et 50M, contre 32M et 21M. Difficile de réaliser les mêmes chiffres de vente avec un parc de consoles moindre. Ocarina of Time s’est pourtant particulièrement bien vendu, mais il représente sûrement une exception, car il fut considéré par la presse comme l’un des meilleurs jeux de tous les temps dès sa sortie, et il bénéficia d’une bonne campagne publicitaire. Et surtout, contrairement à Majora’s Mask, il ne sortit pas en fin de vie de console.

L’autre raison probable, c’est le rayonnement de la série sur le marché vidéoludique. Jusqu’à l’époque d’Ocarina of Time, Nintendo pouvait encore prétendre être le leader du marché et proposer les meilleurs jeux vidéo. Après, c’est Sony et leurs consoles PlayStation qui prendront le relais et la sortie d’un nouveau Zelda ne sera plus aussi importante, puisqu’ils ne seront pas sur la console leader du marché, et n’auront pas l’aspect « révolutionnaire » d’Ocarina of Time. C’est Twilight Princess qui relancera l’attente autour de la série, avec son mémorable trailer lors de l’E3 2004. Le jeu sera d’ailleurs l’un des jeux les plus attendus de 2006 (si pas LE plus attendu), et est encore aujourd’hui le Zelda le plus vendu, replaçant la série sur une bonne dynamique de ventes.

Pourtant, depuis 2006, on ne peut pas dire que l’attention soit particulièrement revenue sur la série ; sans être passé inaperçu, Skyward Sword n’aura pas eu le succès d’estime ou commercial de Skyrim ou de Mario Kart 7, pour prendre des jeux sortis à la même époque. La série aurait-elle convaincu un nouveau public avec Phantom Hourglass ?

Pour expliquer le déclin commercial de Zelda au Japon, par rapport aux autres territoires, on pourrait estimer que c’est à cause de l’orientation prise par la série. On voit avec le succès colossal de la série « New Super Marios Bros » (surtout par rapport aux jeux en 3D) qu’ils adorent ce qui est retro et leurs jeux 2D, chemin que n’emprunte pas la série Zelda. Et même en termes de direction artistique, un jeu comme Twilight Princess semble bien plus proche de la culture occidentale que de celle du Japon. Le Seigneur des Anneaux fut d’ailleurs souvent cité comme inspiration majeure du jeu. Peut-être pourrait-on alors estimer que Nintendo, conscient de la baisse de popularité de sa série dans le pays qui l’a vu naitre, aurait commencé à viser davantage les autres marchés ? De fait, Twilight Princess a connu un succès retentissant en Occident, et les opus DS se sont particulièrement bien vendus en Europe.

En conclusion, la popularité de la série a évolué de manière radicalement différente sur les divers territoires, même si certaines tendances restent marquées partout, comme la période de creux après Ocarina of Time, puis le regain en popularité après Twilight Princess, ou encore les ventes globalement supérieures des opus « de salon ». Le marché japonais semble bien morose, mais sur notre continent, la série se porte plutôt bien.

Dossier réalisé par Floax, le 03 août 2012