Navi Trackers
Nom original : ナビトラッカーズ
Sortie sur Nintendo GameCube en -
Fiche d'information
Développeur : Nintendo
Joueurs : 1 à 4
18 mars 2004
Présentation
Rares sont les jeux de la série Zelda ayant échappé à une sortie occidentale. Si, parmi eux, BS Zelda fait couramment office de parfait exemple, on oublie souvent de mentionner Navi Trackers sur GameCube.
Annoncé lors de l’E3 2003 sous le nom de Tetra’s Trackers, ce qui était à l’origine un jeu à part entière figurera finalement exclusivement dans les versions japonaises et coréennes (sans traduction) de Four Swords Adventures, connu là-haut sous le nom Four Swords +, aux côtés des modes « L’Épopée d’Hyrule » et « Bataille de l’Ombre ».
À l’instar de ses compagnons de cartouche, Navi Trackers est un jeu se savourant essentiellement à plusieurs. Mais ici, pas de grande aventure, ni même d’épée, puisque l’on a en main ce qui se rapprocherait le plus d’un party game dans l’univers de Zelda.
Une idée simple rondement menée
L’histoire du jeu n’est d’ailleurs pas très recherchée : peu de temps après les événements de The Wind Waker, Tetra décide de faire passer à Link le « Test des Pirates » qui opposera notre héros à trois pirates déguisés dans des versions colorées de Link.
Le test n’est ni plus ni moins qu’une chasse au trésor très améliorée où vous devrez récolter un maximum de médailles détenues par des pirates répartis à travers la zone de jeu, avec comme contrainte de les récupérer dans l’ordre croissant, chaque pirate tenant en main une pancarte vous indiquant son numéro. Le gagnant sera celui ayant obtenu le plus de points en fin de partie, points qui seront attribués en fonction des rubis, médailles et autres bonus récoltés durant la partie… mais pas seulement, puisqu’un pirate bonus précisé en début de jeu vous permettra aussi de gagner plus de points à chaque fois qu’il vous donnera une médaille.
Concrètement, pour les joueurs, la configuration est assez originale et tire totalement parti de la connectivité entre GameCube et Game Boy Advance. Chaque joueur doit impérativement posséder un Game Boy Advance qui lui servira de contrôleur et d’écran pour son personnage. L’écran de la télé servira de tableau de bord animé par une Tetra plus bavarde que jamais, car ici tous les personnages affichés à l’écran du salon sont entièrement doublés ! La Wii U avant l’heure avec un gamepad par joueur.
A priori, l’idée ne paye vraiment pas de mine et ce ne sont pas les captures d’écran qui aideront le nonchalant à s’intéresser au titre. Pourtant, derrière ce principe très simple se cachent un concept redoutable et un jeu extrêmement bien rythmé. Chaque partie durant neuf minutes ou s’arrêtant une fois les 100 médailles obtenues, c’est un véritable marathon qui opposera les joueurs. Si à première vue on est tenté de foncer à tout-va d’un pirate à l’autre, on se rend rapidement compte qu’il est nécessaire de faire des écarts de trajectoires pour récupérer de nombreux items venant apporter leur lot de bonus : rubis, invisibilité, marteau servant à voler les rubis de ses adversaires, bottes de pégase pour courir plus vite, ballons vous menant instantanément à proximité de la prochaine médaille, interrupteurs permutant la position des pirates… Il va falloir faire des choix, être rapide et jouer la carte de la fourberie à chaque instant.
Ajoutons à cela un élément crucial : les étoiles. Dissimulées massivement parmi les autres items de la carte, celles-ci sont associées à un chiffre qui vous apportera autant de médailles lors de votre prochain échange avec un pirate. En plus d’un gain non négligeable de points, cela fera certainement rager au passage votre adversaire à proximité du prochain pirate. Impossible donc d’espérer remporter la partie en zonant à proximité d’un pirate jusqu’à ce que son tour ne vienne, un pirate ne restant jamais très longtemps à sa place.
Un jeu inspiré par Marvelous
En mars 2004, Yoshinori Tsuchiyama et Eiji Aonuma, respectivement réalisateur et producteur du jeu, expliquent que Navi Trackers a été inspiré par Marvelous: Mōhitotsu no Takarajima, un jeu Nintendo sorti au Japon en 1996 et premier titre sur lequel Eiji Aonuma travaillera en tant que producteur.Tsuchiyama : Navi Trackers est né de l’envie de proposer quelque chose de complètement différent du mode Épopée d’Hyrule et d’y intégrer une sensation de réalisme en ayant un jeu pouvant parler aux joueurs à travers l’écran.
Aonuma : Tout a commencé avec Marvelous, un jeu vieux de huit ans qui utilisait le système de communication du Satellaview. Dans ce jeu, les joueurs devaient collectionner des tampons tout en écoutant une émission de radio. Nous avons remplacé [le système de communication par satellite] par la connectivité entre les consoles, utilisé Tetra en tant que guide vocal et intégré les pirates. En fait, nous avons tous les trois [Eiji Aonuma, Toshiaki Suzuki et Yoshinori Tsuchiyama] travaillé sur ce projet de transmission par satellite. Nous n’imaginions vraiment pas nous réunir comme ça (rire).
Un petit jeu généreux
À deux le jeu ressemble à un long sprint de neuf minutes. Mais à quatre, la carte est suffisamment exiguë pour que le jeu flaire bon l’anarchie entre joueurs courant dans tous les sens, sans pour autant se marcher dessus. Les insultes ne tardent pas à fuser, encouragées par une Tetra vous interpellant par votre nom pour vous donner des indications dans un rythme de plus en plus soutenu, vous stressant plus que de raison.
Navi Trackers se paie aussi le luxe de s’affranchir d’une contrainte non négligeable de la « Bataille de l’Ombre » : le fait de ne pouvoir jouer seul. Deux possibilités pour cela, soit jouer contre une IA au niveau de difficulté paramétrable et prenant la forme de Tingle (mode « Tingle Battle »), soit jouer seul en « Time Attack » pour récupérer le maximum de médailles en un temps limité. Dans un cas comme dans l’autre, un Game Boy Advance restera donc nécessaire.
Notez aussi que le jeu est marqué ponctuellement par les interventions de l’incontournable Salvador qui vous apportera lui aussi des bonus au cours de mini-jeux variés, dont un en début de chaque partie.
Pour couronner le tout, vous aurez la possibilité de débloquer jusqu’à douze cartes aux configurations différentes et bien pensées, de quoi réellement renouveler le plaisir. D’autres récompenses se présenteront à vous au fur et à mesure de votre avancement : nouveaux bonus à obtenir durant la compétition, nouveaux animateurs (le Lion Rouge ou Hydrie, la jolie porteuse de jarre) et même un mode à la difficulté plus élevée dans lequel les pirates vous masqueront leur numéro, renouvelant pour l’occasion le plaisir pris une fois que l’on a ses marques dans chaque carte !
Pour obtenir ces bonus, il faudra entre autres compter sur la découverte d’un coquillage intelligemment dissimulé dans chacune des cartes.Et nous ?
Décrire le plaisir pris dans une partie de Navi Trackers est aussi dur que de retranscrire le fun d’une partie de Mario Kart ou de Smash Bros. entre amis, mais c’est pourtant bien de cela qu’il s’agit ! Navi Trackers est un mode de jeu extrêmement simple, riche et sympathique, pouvant procurer des heures de plaisirs. Ce jeu est une réelle plus-value à la version japonaise de Four Swords Adventures et il est extrêmement regrettable de ne pas avoir pu en profiter dans nos versions occidentales.
La raison de cette absence ? Le fait que les animateurs présents à l’écran interpellent les joueurs par leurs noms (limités à deux Hiragana, un syllabaire japonais). L’implémentation de cette fonctionnalité dans les versions occidentales aurait été un réel souci. Pourtant, des captures du jeu (présenté à l’E3 2003 dans sa version américaine) faisaient figure de joueurs portant simplement les noms Mr. A, Ms. B, Ms. C et Ms. D.
Si la nature exacte de la limitation imposée par ce système d’appellation du joueur ne sera certainement jamais connue, il y a fort à parier que Nintendo ne souhaitait pas non plus investir trop de ressources humaines et financières dans le portage de ce mode de jeu, d’autant plus compte tenu de l’accueil très critique fait par le public occidental face aux graphismes de The Wind Waker. Navi Trackers reste donc à ce jour le seul jeu sur console de salon réexploitant le style graphique unique de The Wind Waker, plus de dix ans après sa sortie.
Les chances de voir ce jeu profiter d’une nouvelle sortie sur d’autres plateformes sont tristement limitées et il vous faudra donc passer par l’import si vous souhaitez découvrir ce titre. Une contrainte importante pour un jeu qui mériterait pourtant plus de considération.
Fiche rédigée par Zemo