Interview : Les cahiers de la Playhistoire spécial Zelda

À propos de l'interview

À l’occasion de la sortie en kiosque des Cahiers de la Playhistoire spécial Zelda, Florent Gorges répond à toutes nos questions.


Le site d’Omaké Books indique que ce hors-série contient des reviews de tous les jeux Zelda. Pour se faire une idée, quelle est la proportion d’enquêtes et de retours sur les débuts de la série en France, et quelle est la part de retours sur des jeux plus récents que l’on connaît mieux ?

Le magazine est composé à 40 % d’articles historiques purs, de recherches spécifiques, d’enquêtes. Le reste, c’est effectivement des reviews de tous les épisodes, mais avec une approche exclusivement tournée vers les anecdotes de développement. On ne raconte pas le scénario de chaque épisode, par exemple. On reste dans les anecdotes marrantes, que j’appelle depuis quinze ans des « trivias ».

Avez-vous rejoué à certains jeux de la série, ou bien vous êtes-vous basés uniquement sur vos souvenirs ?

J’ai récemment refait Zelda II parce que j’ai écrit un long article à son sujet ! Et sinon, oui, je pense que tous les gens qui ont contribué à ce numéro ont rejoué à l’essentiel des jeux. Sans forcément aller jusqu’à la fin. Mais de toute façon, la répartition s’est faite par affinités. J’ai préféré confier une critique de Majora’s Mask à quelqu’un qui avait été au bout du jeu. Et non à quelqu’un qui n’avait pas passé les trois premiers jours… Bref, on a fait un boulot sérieux, car on ne rigole pas avec Zelda et encore moins avec ses fans qui nous attendent au tournant.

Ce cahier est aussi l’occasion de livrer les résultats d’un sondage que tu as mené en ligne et auquel 5 000 joueurs ont répondu. Tu as eu des surprises en découvrant les résultats ?

J’ai surtout été surpris par l’arrivée de tant de réponses ! Et sinon, oui, j’ai été surpris par de nombreuses réponses. Déjà, de voir que 85 % des fans de Zelda sont des hommes. Ou encore que la majorité des joueurs aiment autant les Zelda cel-shading que les Zelda un peu plus réalistes. Par exemple, j’étais persuadé que les Zelda réalistes auraient une large majorité de fans…

J’étais surpris de découvrir dans le sommaire « Les Zelda sur CD-i : vous les détestez, mais y avez-vous vraiment joué ? » C’est un constat réalisé à partir des résultats du sondage ?

Non ! Joris, l’auteur de l’article, possédait un CD-i avec deux épisodes Zelda quand il était enfant. Il y a énormément joué. Et moi aussi, j’y ai joué de nombreuses heures. Et un jour, on se disait tous les deux que ces jeux n’étaient franchement pas si mauvais qu’on voulait le faire croire. Pourtant, quand on discute de Zelda avec les gamers et qu’on prononce le mot « CD-i », on entend tout de suite un ricanement plein de sous-entendus accompagné de l’immanquable phrase : « Ah, les fameux Zelda sur CD-i ! C’est vraiment des merdes ces jeux, comment Nintendo a pu tolérer ça ? » Sauf que quand tu demandes à la personne : « Mais tu y as déjà joué ? », elle avoue un peu honteuse : « Bah en fait non, j’ai juste vu des vidéos sur Internet. »

Donc on s’est dit qu’il fallait rétablir la vérité. Parce qu’aujourd’hui, il est facile de descendre un jeu rétro, surtout sur CD-i. Mais à l’époque, ces Zelda n’étaient pas considérés comme de si mauvais jeux. Ils avaient des notes assez honorables même. Alors pourquoi tant de haine aujourd’hui ? Et tous ces gens qui crachent sur ces jeux sans les connaître ! Il fallait donc replacer ces créations dans le contexte de l’époque et se demander objectivement : « Alors, ces Zelda sur CD-i, les pires jeux du monde ou bien bashing systématique injustifié ? » La réponse est dans la deuxième partie de ma dernière phrase.

En parlant de jeux non canoniques, Link’s Crossbow Training, sur Wii, s’est mieux vendu que la quasi-totalité des épisodes de la saga. Son cas est-il évoqué dans le magazine ?

Oui, mais rapidement. En fait, on ne s’est pratiquement pas attardés sur les Zelda récents…

Une double page du magazine dédiée à A Link To The Past

J’ai vu que le premier HS des Cahiers de la Playhistoire, dédié à la NES, était encore disponible sur le site d’Omaké Books. Je suppose que pour ce second HS vous allez aussi faire en sorte de prévoir des stocks assez larges pour pouvoir le proposer à la vente en ligne une fois qu’il ne sera pas disponible en kiosque ?

Exactement. On a prévu un stock important pour tenir sur la longueur.

Combien de temps le HS restera-t-il en kiosque ?

Deux mois ! Donc tout l’été.

À ce sujet, je pense qu’il est bon de rappeler que passer par le site d’Omaké Books, c’est aussi vous aider, et qu’en plus les acheteurs y gagnent un petit quelque chose.

Complètement ! N’oubliez jamais que dans tous les business, que ce soit l’achat de tomates, de saucissons ou de livres, rien ne vaut les circuits courts ! Autrement dit, achetez dès que vous le pouvez chez le producteur. L’argent que vous lui donnez va directement dans la poche du producteur et non de dizaines d’intermédiaires avec qui il faut partager des miettes.

Bref, achetez vos livres chez les éditeurs dès que vous le pouvez, pas sur Amazon… Certes, il y a parfois des frais de port, mais les petits éditeurs n’ont aucun rabais de La Poste pour les envois, contrairement à Amazon. Bref, c’est de l’achat militant ! Et Omaké, ça veut dire « Bonus ! » Donc oui, on ajoute toujours un petit cadeau aux commandes…

On s’approche de la fin de cette interview, mais j’aurais aimé ton avis sur une question. Cette année sortent en France des manga Zelda en Perfect Edition, ton magazine en kiosque, le livre d’Oscar Lemaire, le livre officiel Arts & Artifacts en fin d’année, Hyrule Historia se vend toujours bien, Third Edition continue de vendre Chronique d’une saga légendaire… Beaucoup de grandes séries n’ont pas le droit à une offre éditoriale aussi large. À quoi cela est-il dû selon toi ?

C’est très simple ! Et ce que je vais dire va peut-être choquer des gens. Mais Zelda, c’est génial et surtout, ça fait vendre, point ! Quand tu sors une biographie d’un créateur absolument incroyable mais méconnu, tu vends juste quelques centaines d’exemplaires. Mais dès que tu mets Final Fantasy, Metal Gear ou Zelda sur une couverture, même si le contenu est vide et inintéressant, ça se vend quand même. C’est comme ça.

Je ne critique pas cela, car chez Omaké Books, on essaie de garder un équilibre vital. On va continuer de réaliser des livres qui n’intéressent que peu de monde, mais qui sont importants pour l’étude de l’histoire du jeu vidéo. J’ai récemment écrit la biographie du père du jeu vidéo japonais [NDLR : Tomohiro Nishikado], totalement méconnu des gamers. Sa contribution est certainement aussi importante, voire plus importante que celle de Miyamoto. Mais tout le monde s’en fout. Bref, pour payer ces projets qui coûtent plus chers qu’ils ne rapportent, on a besoin de locomotives. Et Zelda est une locomotive. Si en plus ça nous permet de faire découvrir de nouvelles choses, alors tant mieux !

Je parlais il y a quelques instants d’Art & Artifacts. Les éditions Soleil nous ont déjà indiqué que sa suite spirituelle, Hyrule Encyclopedia, sortirait aussi en France. On parle ici de centaines de pages remplies de termes très spécifiques et qui n’ont pas toujours été traduits de la même façon en fonction des jeux. On avait déjà abordé ce sujet lors de notre précédente interview. C’est toi qui te charges de cette traduction ? Pas trop d’appréhensions ?

Oui, c’est moi qui gère la traduction d’Hyrule Encyclopedia et c’est de très loin le plus gros boulot de traduction que je vais devoir gérer. J’en avais déjà bavé avec Hyrule Historia, tout seul, pendant quatre mois. Mais là, il y a tellement de boulot sur ce projet que je ne vais pas pouvoir le faire tout seul. Impossible ! Donc oui, j’ai beaucoup d’appréhensions… mais le bouquin est fabuleux.

Bon courage, on a déjà hâte de pouvoir découvrir tout cela ! Mais d’ici là, nous avons déjà un chouette magazine à nous mettre sous la dent. Merci pour ton temps et tes réponses.

Merci à toi !

Interview réalisée par Zemo, le 27 juin 2017

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