Sins of Hyrule : Interview de Rozen

À propos de l'interview

Sins of Hyrule est un album aux airs épiques et dramatiques créé par Rozen, un artiste très apprécié par la rédaction de PZ. Nous avons profité de cette actu pour en savoir plus sur son rapport à la série et sur son processus de création.


Quelle était la démarche derrière cet album ? Qu’est-ce qui a motivé la production de Sins of Hyrule plutôt qu’un autre projet ?

Je recherchais mon prochain gros projet et il devait s’agir d’un album sur Zelda ; le dernier que j’ai sorti était Time Once Lost en 2015, donc mes fans et moi voulions entendre plus de ces arrangements. L’album est passé par plusieurs itérations avant de devenir ce qu’il est. Ma phase préférée durant ce processus a été de trouver avant toute autre chose le titre de l’album et la liste des morceaux, afin de me faire une idée générale de l’histoire que je voulais transmettre.

Il n’y a pas deux projets identiques. NieR: Glory to Mankind a été une expérience fantastique, s’appuyant sur un style très compliqué pour moi. Naturellement je voulais donc que mon prochain album soit très différent sur le plan stylistique. Après avoir travaillé non-stop pendant quelques mois sur ce répertoire émotionnel hybride pop-orchestral, j’ai ressenti le besoin de travailler sur quelque chose de plus lourd et sombre.

Étant donné que j’adore toutes les musiques de la série Zelda, c’est difficile pour moi de choisir un jeu, ou un concept sur lequel travailler. À la place, je voulais proposer quelque chose qui contiendrait plus de contenu thématique lié à la série, dont Breath of the Wild qui est sorti récemment et a eu un grand impact sur ma vie. Tout cela m’a fait penser à Hyrule Historia et à son lore mystérieux où tout n’a pas encore été révélé. J’ai passé beaucoup de temps à parcourir le livre et ses chronologies, à redécouvrir tous les détails que j’avais manqués avant, et cela m’a vraiment excité ; j’avais enfin trouvé mon inspiration.

Les thèmes sombres de la série sont très présents dans Sins of Hyrule. Tu évoquais aussi Time Once Lost, un album consacré à Majora’s Mask. Est-ce que les aspects les plus sombres de la saga sont ceux qui t’inspirent le plus ?

C’est plus facile, pour moi, de trouver ma place dans les thèmes obscurs et émotionnels de ces jeux. En tant que compositeur, ce sont les difficultés qui font ressortir tes inspirations les plus profondes. Mais plus que les côtés sombres d’un jeu, je recherche des histoires secondaires et des détails qui n’ont pas été totalement explorés.

Dans Sins of Hyrule, certains thèmes musicaux peuvent évoluer, disparaître, revenir et s’entremêler avec d’autres thèmes. Comment as-tu abordé cet album ? Piste par piste ? Comme un tout évoluant d’un seul bloc ?

Tout cet album a été conçu comme un tout. Avant que j’écrive la première note, j’avais tous les morceaux exposés devant moi, avec une structure et une direction. J’avais un son très clair pour le projet et je pouvais jouer les différentes scènes dans ma tête.

Je voulais prendre la liberté d’explorer ce qui est au-delà de ce qui nous est explicitement donné dans les jeux, sans dévier du lore. Je voulais être capable d’entendre tous ces morceaux de musique qui auraient accompagné les scènes manquantes à certains éléments présents en jeu. Donc, je me suis attaché à écrire autant de matériel original que nécessaire pour y parvenir.

Du début à la fin, Sins of Hyrule est très cohérent dans ses thèmes et ses arrangements à la fois épiques et dramatiques. Mais quelques éléments sortent parfois du lot : une guitare électrique par-ci, quelques notes plus électros par-là. Comment choisis-tu les sonorités que tu veux intégrer dans un album, et celles dont tu ne veux pas ?

Je voulais faire quelque chose de fort avec Sins of Hyrule, je voulais que le son de chaque morceau "vous mette une claque". Accompagnés par l’énorme orchestration des instruments, les éléments électroniques m’ont tout autant aidé que les influences rock à atteindre cette lourdeur. Pour ce qui est de déterminer quelle piste bénéficierait de quel élément, cela a été basé sur les personnages de chaque morceau. Hylia reçoit plutôt un son éthéré et soutenu par la chorale, alors que pour Ganondorf les sons de guitare sont plus présents.

Le chant et les chœurs ont une place très importante dans Sins of Hyrule. Certains thèmes cultes sont introduits à la voix avant d’être accompagnés par l’orchestre. Je crois que c’est la première fois que tu travailles avec de vrais chœurs sur un projet personnel et je t’ai senti comme libéré, comme si tu voulais explorer à fond cette piste. C’est le cas ?

J’ai travaillé avec des chœurs avant même l’université, donc c’est comme une seconde nature pour moi. La logistique nécessaire pour l’enregistrement est assez complexe et coûteuse, donc jusqu’à présent je n’avais pas voulu en inclure pour mes projets. Depuis que j’ai travaillé sur Time’s End II, de Theophany, j’ai pu trouver une meilleure approche pour enregistrer de plus grands ensembles, et je l’ai utilisée ici à mon avantage. Cependant, ce manque d’opportunité n’a jamais limité la façon dont j’ai écrit mes arrangements.

Est-ce qu’il y a encore des freins dans ce que tu peux faire, dans les pistes que tu souhaites explorer ? J’ai par exemple eu l’impression que les cuivres étaient parfois un peu écrasés par le reste de l’orchestre.

J’améliore constamment mes méthodes de production avec chaque projet, et cela peut prendre du temps avant que les choses sonnent comme je les imagine. J’essaie toujours d’utiliser leurs points forts de mes outils, ils permettent à mes arrangements de se développer naturellement tout en repoussant les limites de ce que mon logiciel peut faire.

Interview réalisée par Zemo, le 08 février 2018

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