Gigaleak : la création de « Link’s Awakening »
D’A Link to the Past à Link’s Awakening
Pour ceux qui nous connaissent un minimum et qui connaissent aussi nos partenaires, vous avez sûrement déjà entendu parler d’A Link to the Dream, le projet de Zeldaforce de recréer une version de Link’s Awakening, avec les graphismes d’A Link to the Past sur Super Nintendo et entièrement conçue avec le moteur Solarus.
Parmi les documents trouvés dans le Gigaleak, un prototype de cartes datant de 1992 nous évoque un peu ce projet. Pour être plus exact, il s’agit de la carte du monde extérieur d’A Link to the Past avec des graphismes employés plus tard pour Link’s Awakening. Tout le contraire d’A Link to the Dream, en somme 1.
There's been an amazing discovery found by @LongJohnsonDE .
— だいしぇんしぇい (@MrCheeze_) August 3, 2020
It seems that in 1992, before working on Link's Awakening proper, the developers demade almost the entire LttP overworld in the same style.
Much of the final map retains these LttP inspirations, such as Kanalet Castle. pic.twitter.com/NvABN707MU
Sur les différentes étapes de la réalisation de cette carte, on peut apercevoir des éléments évocateurs d’A Link to the Past, mais aussi de nouveaux éléments évoquant cette fois Link’s Awakening. On reconnaît par exemple le château Canulet en son centre ou encore des statues représentant Mario au sud… En regardant bien, on réalise que l’île de Cocolint est fortement inspirée de la configuration d’Hyrule dans A Link to the Past.
Pour essayer de comprendre la logique de cette carte, il est plus prudent de se replonger sur la genèse de cette aventure onirique et de se rappeler dans quel contexte farfelu le jeu a été créé 2. Takashi Tezuka, réalisateur de Zelda III, disait lors d’un « Iwata demande » en 2009 : « Nous n’avions pas vraiment prévu de faire un Zelda pour le Game Boy, mais nous nous sommes dits que nous allions faire un essai pour voir comment cela fonctionnerait. […] Mais à l’époque, nous avions toujours dans l’idée de simplement transposer A Link to the Past sur Game Boy 3 ».
Et si tout n’était qu’un rêve
La carte mêlant A Link to the Past et Link’s Awakening n’est qu’un petit exemple des très nombreux éléments graphiques qui ont été retrouvés lors de ce Gigaleak. Parmi les fichiers inédits, il y a des sprites d’ennemis du jeu. Il faut pour la plupart avoir un œil exercé pour repérer des différences. Et puis avec d’autres, on se demande ce qu’il s’est passé, comme pour cet anti-Kirby au faciès d’émoticône ratée ou ce poisson avec une tête de Yoshi. Pouvions-nous nous attendre à moins que ça venant d’un univers aussi délirant que celui de Cocolint ?
Mais parmi les adversaires, il y a un sprite non utilisé qui nous semble encore plus intéressant : celui de Dark Link 4. Si maintenant il s’agit d’un antagoniste récurrent, pour l’époque, il n’était apparu que dans The Adventure of Link. Dark Link aurait alors été prévu comme boss final du jeu ou comme l’une des multiples phases de Maléficio. Faut-il voir dans l’ajout de Dark Link dans le remake sur Nintendo Switch une sorte d’hommage ou de référence à ce sprite oublié ? Ce n’est absolument pas certain.
CloudModding user DarthDub has discovered this unused final boss phase art from the Link's Awakening leak: Dark Link! pic.twitter.com/DlTAimZr6G
— MrTalida (@MrTalida) July 29, 2020
Presque tous les personnages ont subi quelques hésitations graphiques avant de trouver leur forme finale : Wart et ses grenouilles 5, Marine qui devient brune avec un nœud dans les cheveux, Christine qui aurait dû être animée 6. Celui qui semble avoir le plus de changements est le Poisson-Rêve en personne. Les images les plus anciennes sont d’ailleurs plus proches du concept art que du pixel art 7. On découvre également des sprites ressemblant fortement à la princesse Zelda et à un vieil homme dans le style des Oracle 8. Peut-être était-il prévu lors de l’introduction des scènes supplémentaires les faisant intervenir, ce qui aurait donné un peu plus de contexte au naufrage de Link ?
L’introduction du jeu a aussi été sujette à de nombreuses variations. Par exemple, lorsqu’on découvre Link s’agrippant à l’écoute et au mât de son radeau, les développeurs avaient envisagé de lui conférer une musculature à nous rendre jaloux et un visage à nous faire rire 9.
Le nom même du jeu a sûrement été débattu. Sur certains sprites, on peut voir que le jeu a failli s’appeler The Legend of Zelda: Dreaming Island. Un titre qui laisse assez peu de place au mystère qui entoure Cocolint, et c’est sûrement la raison derrière le changement du sous-titre pour « Link’s Awakening » — après de nombreuses expérimentations typographiques 10 —, plus ambigu et sujet à interprétation. Une ambivalence qui est intacte si on s’intéresse au titre japonais du jeu : Yume o miru shima (夢をみる島). La proposition relative « rêver » sur le nom « île » est telle qu’elle laisse encore plusieurs interprétations possibles. Il peut s’agir de l’île dont on rêve, l’île sur laquelle on rêve et bien sûr l’île qui rêve 11. La version japonaise a elle aussi eu droit à son nombre de variations : « Island of the Wind », « Wind Dream Island » (風ゆめみるしま) et « Dream Island » (夢みる島) 12.
Many iterations of the title for ‘Zelda: Link’s Awakening’ came out via #NintendoLeaks. Not just a previous ‘The Dreaming Island’ subtitle (A direct translation of the Japanese title), but also numerous logo iterations, all different to the final version. pic.twitter.com/kdBc8voQ2n
— Nintendo Metro (@NintendoMetro) August 2, 2020
Et si tout n’était qu’un rêve DX
Quand il n’y en a plus, il y en a encore… N’oubliez pas que Link’s Awakening a été réédité sur Game Boy Color plus de cinq ans plus tard apportant avec lui deux gros changements.
Le premier est évidemment l’apport de couleurs au jeu. Et grâce aux travaux de Drenn, nous accédons à différentes phases de développement de colorisation du jeu. Il les a même triées par ordre chronologique.
On apprend donc que c’est la scène d’introduction qui fut la première à prendre de la couleur, le 14 juin 1998, alors que le projet de portage sur la nouvelle console a commencé début avril. Seules quelques différences avec la version finale sont à remarquer, comme la couleur des éclairs.
Il ne faudra que quelques semaines supplémentaires pour que le monde externe commence à être colorié. D’abord des éléments de décors, puis les éléments du menu et les personnages. Remarquez les étranges couleurs du « chien » et les cœurs verts temporaires. Alors qu’on imagine qu’aujourd’hui cela aurait été fait en deux temps, trois mouvements, il aura donc fallu cinq mois pour finaliser le jeu. Un mois supplémentaire pour faire les versions européennes 13.
L’autre grand apport de la version deluxe est la quête des photos : une souris dans le jeu réalisait des photographies à des moments clés du jeu. Promouvant le Game Boy Printer, une imprimante accessoire que l’on pouvait brancher à la console, cette quête fut remplacée dans la version sortie sur Nintendo Switch par celle d’Igor.
Avec le Gigaleak, nous avons maintenant accès à des prototypes de ces photographies. Pour celle où Marine nous tombe dessus lorsqu’on saute dans le puits du village, des croquis ont été dévoilés 14. Une autre version a également été trouvée pour la photographie où Link touche la tombe du fantôme triste : à différents endroits dans les fichiers, on découvre un fantôme encore plus effrayant que l’original, ainsi qu’une tombe et un Link plus détaillés 15.
Dans le même genre, on aurait pu avoir une photographie de la statue de la sirène. D’autres auraient pu avoir lieu dans le village des Animaux, devant l’Œuf Sacré, dans la partie immergée de la cordillère Tartare ou bien encore dans la maison de Christine 16. Quelles auraient été les scènes représentées ? Nous ne le savons pas encore, mais de nouveaux personnages ont fait leur apparition parmi les documents partagés lors de ce Gigaleak. Qui sont ces drôles de créatures avec un boomerang sur la tête ? Peut-être avaient-ils prévu de remplacer le goriya de la plage par un de ces designs. Qui est cet autre étrange protagoniste avec un appareil photo sur le visage ? On l’imagine bien remplaçant ou assistant de la souris photographe.
- Compte Twitter de MrCheeze – prototype de carte de Cocolint mêlant graphismes de Link’s Awakening et contenu d’A Link to the Past. ⇪
- Ludostrie – extrait de l’Histoire de Zelda (chapitre viii). ⇪
- « Iwata demande – The Legend of Zelda: Spirit Tracks ». ⇪
- Compte Twitter de MrTalida – découverte du sprite de Dark Link. ⇪
- Compte Twitter de Nintendo Metro – différents graphismes de Wart. ⇪
- Compte Twitter de Nintendo Metro – différents graphismes de Christine. ⇪
- Compte Twitter de Nintendo Metro – différents graphismes du Poisson-Rêve. ⇪
- Sprites de personnages et des huit instruments. ⇪
- Compte Twitter de Nintendo Metro – différents graphismes de la scène d’introduction. ⇪
- Compte Twitter de Nintendo Metro – évolution des différents logos de Link’s Awakening. ⇪
- Compte Twitter de Julien Fontanier – traductions littérales du titre japonais de Link’s Awakening. ⇪
- Compte Twitter de Nintendo Metro – différentes versions du logo de Link’s Awakening en japonais. ⇪
- Compte Twitter de Drenn – images en cours de développement de Link’s Awakening DX. ⇪
- Compte Twitter de rabidrodent – croquis de la troisième photographie. ⇪
- Compte Twitter de Rusty / PixelatedWah – nombreux éléments graphiques de photographies. ⇪
- Compte Twitter de Rusty / PixelatedWah – nombreux éléments graphiques de photographies. ⇪
Le 17 août 2020 à 23:42, par Yorick26,Zelink
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